En raison de sa longue taille l'interview à été coupé dans le magazine. Voila la version intégrale.
Jerome: On se connait tous depuis l'adolescence (collège).
On s'est retrouvé parce qu'on écoutait la même musique... à moins qu'on
ai écouté la même musique parce qu'on s'était trouvé.
Philippe: En gros on était tous fan de Nirvana et au lieu de jouer au ping pong
et bien on a commencé à parler musique et à grandir dans ce milieu ensemble !
Jérome: Enfin bref, on s'est, de fil en aiguille, tous interessé au rock indé,
ce qui nous a tous donné envie de faire de la musique dans nos coins
pour ensuite nous regrouper et former nos premiers groupes, au sein d'un
cercle d'amis qu'on a fini par appeler "Jarnac Sound".
Pour ce qui est du groupe Café Flesh à proprement parlé: à l'origine,
c'était une blague ; une idée lancée au cours d'une soirée arrosée qui
s'est concrétisée.
L'idée c'était de former un groupe récréatif aux influences Rocket From
The Crypt, pour passer le temps entre deux répétitions d'Alaska Raving
Mad (premier groupe de deux membres de Café Flesh) et en attendant le
retour d'England de Philippe en ce qui concerne le reste des membres de
feu-Toadstool (maintenant tous réunis dans Café Flesh).
Philippe: Et au final quand je suis rentré de Londres, je trouvais café flesh
marrant, donc j'ai intégré le side project qui a continué et a fini par
prendre le dessus sur nos premiers groupes.
Thomas: Et puis ça nous a aussi permis de changer d'instrument, moi j'ai
laissé tomber la batterie pour découvrir les joies du chant et le sax bariton.
Julien a laissé la basse pour la gratte et Philippe a laissé la guitare pour
la basse.
Vincent : en règle générale, Jarnac n'est pas une ville rock'n'roll ça
serait plus thé dansant et football. Il n'y a pas un passé musical comme
à Bordeaux par exemple.
Philippe: En faite c'est simple ! Vu qu'on été une bonne 15aine de pote à
avoir vecu la même histoire (Nirvana, découverte de la zik à 14ans...) et
qu'un groupe de rock à 15 c'est pas possible et bien plein de groupes ont vu
le jour à Jarnac ! Bref 10 ans après si tu fais le compte on a vu pratiquement
15 groupes se former dans notre petite ville de 6000 habitants. Les mecs qui
nous on vu grandir appellaient même Jarnac "le seattle français"
Jerome: On a même fini par y former un mini-label, Furne records, pour
regrouper les groupes qui sont encore vivant: Headcases (les premiers), Alaska
Raving Mad, Gatechien, Mr Protector, Harmless Shadows (nouveau line-up),
Bikini Killers (les petits derniers)... Mais il y a plus de beaufs à Jarnac
que de groupe rock... alors non, Jarnac ville foot.
Julien:... et thé dansant !
Vincent : Faisons pas très original, mais Nirvana nous a donné l'envie de
jouer d'un instrument, ensuite ça a été des groupes comme Fugazi ou
Jesus Lizard qui nous ont donné l'envie de continuer. Depuis bien
d'autres sont passés.
Julien: Moi bizarrement Nirvana j'ai connu plus tard. C'est surtout Deftones
et Placebo que j'écoutais dans ma jeunesse. Heureusement Pierre Louis
des Headcases et Philippe m'ont récuperé et là sont arrivés Unwound et Jesus
lizard.
Jerome: Pour ma part j'ai commencé par ecouter Oasis, Nirvana et Weezer mais
c'est pas ces groupes là qui m'ont donné envie de jouer.
C'est plutôt en allant voir jouer des groupes de la région: Headcases,
les Robin Hoods ou Mobil Session Team que j'ai eu envie de commencer la
guitare et former un groupe. Je sais pas vraiment pourquoi, mais quand à
14 ans, j'ai vu mes premiers concerts, j'ai tout de suite su que c'est
ça que je voulais faire.
Thomas: Ben moi j'ai commencé avec boby lapointe, et j'ai évolué en écoutant
les charlots... On a les influence qu'on mérite.
Philippe: C'est vrai qu'on cite des gros groupes, mais Headcases a été
vraiment très très influent ! Ca a été les premiers à toutes les étapes ! On
venait juste de faire notre première démo qu'ils venaient de sortir un 6
titres par exemple. Résultat ça nous a toujours poussé à aller plus loin avec
nos groupes histoire de les rejoindre. Et ça marche encore aujourd'hui ! Ils
vont enregistrer leur prochain album aux USA et résultat on commence à
envisager sérieuseument la même chose pour nous !
Julien: En fait on ne le sait pas. Même Thomas je suppose va être emmerder pour
répondre à ta question. C'est l'inspiration du moment si on peut dire, disons
plutôt les éléments environnant qui influencent le contenu profond des proses
de Thomas.
Vincent : mélange de Karl Marx et Pierre Perret
Thomas: Bon alors passons au choses sérieuses, en fait au départ, ce qui
m'interresse c'est de chanter, pas d'écrire des paroles. C'est pour ça qu'au
début j'allais pas chercher trés loin, je reprenais les quelques mots en
anglais, que je trouvais sur les murs de la salle de répéte. Mais ça s'est
trés vite épuisé. Alors vincent m'a écrit les textes pour "plumber" et
"pamela". Puis je me suis attelé à écrire des textes pour toutes les compos
qui ont suivi. Ecrire est un bien grand mots, en fait je prend les mots qui me
viennent à l'esprit, pour coller à la mélodie. Au final ça donne des textes
complétement absurdes, mais qui sonnent.
Jérome: Alors au départ c'était une blague, idée émise au cours d'une soirée
un peu arrosée (tiens, ça me dit quelquechose cette phrase...).
Philippe: En faite on est des très gros fans de ce label. Pour nous un disque
avec ce logo c'est signe que c'est de la noise de qualité. Bref quand les
Headcases, au cours de cette soirée, ont commencé a nous dire que 10 ans plus
tôt, on aurait pu tenter le coup là-bas, on a repensé au faux album de
Plainfield avec Jello Biaffra qui a un beau logo "Alternative Tentacles" au cul.
Donc vu qu'on se ventait d'être aussi con qu'eux on s'est dit que nous on
allait foutre un logo amrep sur notre disque.
Jérome: Mais bon au final il se trouve qu'on est moins con qu'eux, donc le
compromis c'etait de demander l'autorisation. Bref on a fini par vraiment
envoyer un e-mail à Tom Hazelmayer pour savoir si on pouvait utiliser le logo
de son feu-label Noise AmRep sur la pochette de notre disque. Au début
rétissant, il a vite changé d'avis à l'écoute de nos titres (ce qui est plutôt
flatteur pour nous) et nous a donné l'autorisation. Je le cite: " I was
worried it might be crap and I didn't want the logo anywhere near it (ha-ha)
but it's really good! (...) Thanks for the praise and using all our efforts
for inspiration. I was starting to give up that folks would ever pick up
guitars and finish the job we all started too many years ago."
Jerome: Aucun.
On aimait le titre quand on l'a trouvé et on a aimé la pochette qu'on
nous a proposé.
Et puis on a jamais réussi à trouver un seul putain de cochon capable de
danser...
Julien: Pour le titre, c'est thomas sur better sweat qui a crié ces
paroles phares. Et c'est pendant l'enregistrement qu' on a creusé et qu on a
voté pour ce titre d'album.
Philippe: Ensuite pour la pochette on avait pas trop d'idée et donc avant même
qu'on ait un titre d'album on avait decidé de faire ça avec un ami à nous, Andres,
(http://zarplanet.com/) qui avait notamment déjà fait la pochette du dernier
Headcases.
Vincent: Bref du coup on s'est retrouvé avec une pochette et un titre d'album
qu'on aimait mais qui n'avaient aucun rapport. Et puis on a regardé et on s'est
rendu compte que pas mal de disque qu'on adorait c'était pareil. Donc on s'est dit
que c'était pas bien grave et on est resté comme ça !
Thomas:L'idée de départ d'Andres, était de faire une pochette, un peut dans
l'esprit des cows. C'est à dire un truc pas forcemment cohérent, qui en fait
refléte bien l'esprit de notre musique
Thomas: Très simple, t'as le bon rock, et le mauvais rock. T'as le bon
rock, tu vois ça crache. Et puis t'as le mauvais rock, tu vois ça crache, mais
bon c'est du mauvais rock... Tu comprend ce que je veux dire ?
Vincent : Il faut que ce soit un truc qui envoit sincèrement sans chichi, qui
sonne naturel. Pour l'album, on a fait en sorte de ne pas pourrir le son avec
beaucoup d'overdubs pour que ça sonne le plus brute possible. On a fait ça en
prise live avec le chant à part, encore un grand merci à Michel Toledo qui
nous a fait un super boulot.
Jerome: Pour résumer, vicéral : pensé avec des trippes, joué avec des couilles.
Julien: Ouai il faut que ça vibre, que quand tu l'écoutes les
frissons montent, que tu sentes une montée d'adrénaline et que
tu fasses de l'air batterie(spécialité jarnacaise) sur les
morceaux en écoutant le disque. Je préfère le rock épuré brut de
décoffrage, les groupes qui avec quatres accords arrivent à te
donner une intensité dans le morceau.
Philippe: En gros faut vraiment que le groupe se donne à fond. D'ailleurs dans
tous les groupes qu'on adore, de Jesus Lizard au Posies en passant par Led Zep
ou Mousetrap (donc styles et époques variés) et bien quand tu les écoutes tu sens
qu'ils donnent tout ce qu'ils ont là dedans ! C'est vital. Et ça marche aussi
avec des choses non rock. Brel par exemple...
Jerome: Du Texas, notre patrie d'origine.
Plus sérieusement, ça doit être l'image que les gens se projettent à
l'écoute de notre musique. Je veux dire par là que notre musique est trop
grasse pour inspirer les plages de la Californie où l'insouciance
adolescente. Alors on nous prend pour de vieux paysans, mais de vieux
paysans Américains! La voix caverneuse y est pour beaucoup je pense.
Julien: Je pense que les mecs retrouvent le côté bouseux américain dans nos
morceaux. C'est pour ça !
Vincent: Et puis Jarnac c'est quand même à la campagne donc c'est pas
totalement faux, couillon !!!
Thomas: et ouai mec, on tourne en tracteur nous! Et on fume des gauloises sans filtre.
Vincent : Gravity Slaves récemment découvert sur scène, nous a foutu un bon
coup de pied au cul.
Ensuite ba bien sûr t'as les groupes des potes (Gâtechien, Headcases, Jettators).
On a les mêmes influences donc c'est normal qu'on se retrouve dans la musique
qu'ils font !
Jérome: Pour nous les meilleurs groupes français sont morts dans les 90's.
Philippe: Et encore même dans cette scène là on fait pas mal la fine bouche !
Je crois qu'on a jamais été "groupes français". La "scène noise française" on est
arrivé sur la fin et donc on l'a plus vécu à travers les disques que par des
concerts. En gros on retient Condense, Tantrum (surtout période Twisted in
anguish) et plus récemment Virago. Mais tu vois des trucs pourtant cultes aux
yeux de certains comme, les Portobello ou Bastard, on a jamais été des grands
fans. Par contre on adore l'esprit qu'il y avait à l'époque ! Avec de vrais
fanzines papiers ! De bons label fr (pandemonium, prohibited), qui sortaient
des splits 45t. Aujourd'hui les groupes sont toujours là, mais les structures
à coté sont moins présentes ou alors tout simplement moins passionnées...
Vincent : Salut kid, si tu veux écouter du son qui tâche qui sent la
gniole, la clope et la transpiration, bienvenu !
Thomas: Et puis faut venir nous voir sur scène, ça sue, ça saigne. Dernier
concert à la rochelle, j'me casse une dent sur le micro, j'ai le gout de sang
dans la bouche. Philippe et Julien, ils ont les mains dans un état! On dirait
qu'ils viennent de se taper sur les doigts avec des marteaux. Et puis faut
voire la basse pleine de sang, les bouts de chaire sur les cordes. Tu pourrais
prendre une photo, ça ferait une super pochette d'unsane.
Julien: C'est pas facile, on pas de gonzesse aux gros seins, on
est pas des french lovers mais je pense que ceux qui aiment s'en mettre plein
les oreilles et plein les yeux devrait venir faire un tour à un de nos
concerts. Il faut juste aimer le bon vieux gros rock ricain qui suinte.
Philippe: ... fait par des francais qui prennent une douche tous les matins
!!!
Vincent : Les tickets boissons et les patrons de bar qui te disent de
jouer moins fort.
Jérome: En fait, je crois que le seul problème c'est ceux qui se posent trop
de questions. Je ne vois aucun problème dans le monde du rock, en tout cas pas
plus que dans le monde de la pétanque ; il y aura toujours un gars de
l'accordeon club pour venir piquer le cochonet.
Julien: En gros ce que veut dire Jérome c'est que tout ça c'est une histoire
de volonté, parce que en se remuant le cul et en étant dispo ça fonctionne.
Avec nos groupes d'avant on a jamais trop cherché a jouer et résultat il y a
encore 400 disques non vendu chez nous et ils seront certainement jamais vendu.
Tandis que là avec Café flesh on y est allé au culot et on s'est rendu compte
que ca fonctionnait pas mal. Après, peut-être que c'est le public qui se
limite un peu. Preuve en est les Posies à Angoulême 100 personnes à la Nef, ça
fait pas dream all day.
Jérome: On est des sexe-positifs contraint à la sexe-négativité indépendemment
de notre volonté.
Vincent : Je crois que le porno SF n'est pas trop pour nous, mais en tout
cas, même avec un coup dans le nez, ce film nous a bien fait rire, les scènes
sont vraiment hallucinantes. Bref on trouvait ça marrant de reprendre le nom.
Thomas: La scéne qui nous a le plus marqué c'est quand t'as un mec avec un
crayon géant sur la tête en train de monter (ou démonter) une jeune demoiselle
sur le bureau. Tandis que de l'autre côté de la table, t'as la secrétaire qui
tape sur sa machine et qui ne cesse de répéter "voulez vous que je vous tape
un mémo". Et depuis, j'entend cette phrase toutes les nuits. Aidez moi!!
Thomas: sex drug and rock'n roll. Il nous manque la drogue, et les GONZESSES!!!
Vincent : faire des concerts, boire des bières, et dans le futur tenter
de faire un autre album.
Jérome: Jouer jouer jouer jouer jouer jouer... devant un public si possible
sortir l'album "live à la Nef", jouer encore, composer de nouveaux titres et
enregistrer un deuxième disque avec Tim Mac.
Philippe: Si le Mr n'est pas mort et que notre banquier veut bien !